Deux prototypes expérimentaux
Le scanner
IMAGE 1 - Le Dieu guerrier gaulois de Saint-Maur fut installé sur un prototype de scanner constitué d’une crémaillère animée d’un mouvement pas à pas permettant de faire progresser l’objet devant un faisceau laser plan perpendiculaire afin qu’il en balaie peu à peu toute la surface visible. Une caméra placée à 45° saisissait une image du faisceau laser rouge formé sur l’objet à chaque pas.
IMAGE 2 - Connaissant l’angle d’émission du faisceau et mesurant l’angle de réception du tracé lumineux décomposé en une succession de points, l’ordinateur calculait par triangulation la position de chaque point dans l’espace relativement au dispositif de saisie, et formait à l’écran une image de l’objet constituée de points alignés par étage.
IMAGE 3 - l’interprétation numérique consistait à modéliser entre les points les plus proches des vecteurs formant un maillage triangulaire et à générer sur chaque triangle une facette pour visualiser un corps numérique.
Le procédé de reproduction
IMAGE 4 - Dans le même temps, au CNRS de Nancy une autre équipe de chercheurs mettait au point un procédé destiné à la matérialisation d’objets conçus en CAO : La stéréophotolithographie. Dans un bac de résine liquide un laser «photopolymérise» couche par couche le modèle numérique sur une grille qui descend pas à pas. Ce procédé unique et totalement innovant à l’époque fut précurseur d’une famille de procédé aujourd’hui répandu sous l’appellation générique de prototypage rapide. Il permit de reproduire la tête du Dieu guerrier gaulois qui fut surmoulée et tirée en plâtre et enfin patinée comme l’original.
Démonstration était faite que l’on pouvait mouler sans toucher un objet très fragile et ainsi pérenniser la conservation de sa forme.
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La reproduction en stéréolithographie
Le gaulois sur son support avec son équipement de transport
À la même époque, au laboratoire de France-Télécom, des brevets voyaient le jour orientés vers la résolution de problèmes industriels. Il s'agissait de procédés de reconnaissance de forme destinés à "donner des yeux à des robots" afin de libérer les chaines de production d'une précision millimétrique. Francis Schmitt et son équipe imaginèrent alors qu’il serait possible avec leur procédé de mouler sans toucher un objet d’art en trois dimensions.
Ce fut l’objet du Programme Camille sous l’égide du Service de la Recherche et de la Technologie du ministère de la Culture.
La statuette fut découverte fortuitement en 1983 sur le territoire de la commune de Saint-Maur, à une vingtaine de kilomètres au nord de Beauvais, à l’emplacement d’un sanctuaire gaulois et gallo-romain. Elle est constituée d’un assemblage de vingt-deux tôles de laiton, alliage de cuivre et de zinc, mises en forme par martelage à froid et soudées entre elles à l’étain. Les yeux sont matérialisés par des plaques d’argent au centre desquelles devaient être fixés des iris en pâte de verre. L’ensemble complet, à l’exception des pieds, représente un guerrier barbu et moustachu, au cou paré d’un torque, collier caractéristique des divinités et de la noblesse gauloise, au torse cuirassé, à la taille prise dans un large ceinturon, armé d’un bouclier ovale à umbo central (partie métallique au centre du bouclier).
Programme Camille
Service de la recherche et de la technologie du ministère de la culture
Le Guerrier gaulois de St-Maur
Le Dieu guerrier gaulois de Saint-Maur, statuette en laiton martelé du Ier siècle de notre ère, nous est parvenue dans un état d’oxydation très avancé qui avait en maintes endroits aminci et perforé la fine couche de métal. Sa restauration a consisté à neutraliser les processus d'altération du métal puis à assembler les vingt deux fragments sur un support de présentation.
Devant être présenté au musée de Beauvais, la ville de St-Maur avait obtenu le principe de l’obtention d’une copie par moulage. Malgré cet accord entre les deux villes, il apparut que les techniques de moulage auraient pu nuire à la bonne conservation de l’objet.